C'est que l'homme doit tout apprendre sur son corps, absolument tout: on apprend à marcher, à se laver, à se moucher. Nous ne serions rien faire de cela si on ne nous le montrait pas.
En matière de lecture, nous autres "lecteurs", nous nous accordons tous les droits, à commencer par ceux que nous refusons aux jeunes gens que nous prétendons initier à la lecture.
Simone et moi avons "tout ce qu'il faut pour nous entendre", seulement nos corps ne se disent rien. Nous nous accordons mais nous ne faisons pas corps.
Un chagrin sans objet, pure douleur d'être, m'assaille par vagues inattendues, dévastatrices comme des ruptures de barrage.
La lecture ne relève pas de l'organisation du temps social, elle est, comme l'amour, une manière d'être.
Il y a donc de "bons" et de "mauvais" romans. Le plus souvent, ce sont les seconds que nous trouvons d'abord sur notre route.
Ça fait du bruit, une pensée, et le goût de lire est un héritage du besoin de dire.
Ce qui me navre le plus chez l'espèce humaine, ce n'est pas qu'elle passe son temps à s'entre-tuer, c'est qu'elle y survive.
De l'agrément de se gratter. Pas seulement pour cette montée orgasmique qui s'achève dans l'apothéose du soulagement mais pour le délice, surtout, de trouver au millimètre près le point exact de la démangeaison.
Mai 68, la rue sera-t-elle en train d'écrire le journal du corps ?